Cycles de cours

Cours de l'Université permanente (Nantes)

Christophe Patillon, animateur-chercheur au CHT, dispense des cours à l'Université permanente.

 

Ce bloc de trois cycles de cours s'intitule "Ouvriers et paysans de Loire-Atlantique". Il vise à faire connaître la richesse de l’histoire sociale locale en partant de luttes ou d’événements marquants.

 

L'Université Permanente est un service de Nantes Université dont les missions sont la diffusion des connaissances, le partage, l'échange et le lien social. 

 

Ces cours sont ouverts à toutes et tous et ont lieu le lundi matin, de 10h à 12h, dans le bâtiment Ateliers et Chantiers de Nantes où se situe le CHT.

 

Pour connaitre les tarifs, le calendrier et les modalités d'inscription, rendez-vous sur la page Inscriptions UP.

 

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  • Ouvriers et paysans de Loire-Atlantique (cycle 1)

    1833, les typographes nantais et la défense du métier

    En mai 1833, soixante-quinze ouvriers imprimeurs soutiennent par la plume le projet porté par quelques-uns d’entre eux de faire reconnaître par les autorités une Association typographique et philanthropique. Une association particulière puisqu’en ces temps où il est formellement interdit de se rassembler en syndicat, elle annonce clairement qu’elle ne se cantonnera pas à apporter son soutien aux malades et aux vieux de la corporation mais qu’elle pèsera de tout son poids pour empêcher les maîtres-imprimeurs de fragiliser la situation sociale de leurs salariés quand le cœur leur en dit. Elle fut pour certains le premier syndicat créé en France. Disons, plus humblement, qu’elle a ouvert avec d’autres, à Paris, Lyon et ailleurs, les chemins de l’émancipation collective des travailleurs.

     

    La fin des « anarchos » : Nantes et la grève des dockers (1907)

    Du fait de l’irrégularité du trafic portuaire, le travail des dockers, ouvriers affectés au chargement et déchargement des marchandises transportées par les navires, est marqué par la précarité à Nantes, comme dans tous les ports du monde. Ils doivent arriver sur les quais très tôt le matin et attendre parfois des heures pour être embauchés à la journée ou à la demi-journée par les contremaîtres travaillant pour le compte des entreprises de manutention qui offrent leurs services aux armateurs. Des contremaîtres qui se comportent comme de vrais maquignons, qui ont leurs têtes et ne font travailler régulièrement que ceux qui leur plaisent. À côté des travailleurs employés régulièrement par les treize compagnies présentes sur le port nantais, il existe tout un volant de journaliers, souvent des migrants de fraîche date, ou des vagabonds, dépourvus de véritable domicile, qui constituent un véritable prolétariat en haillons. Si l’on en croit la police, les effectifs dockers et charbonniers atteignent les 1828 individus au printemps 1907.

     

    La décennie noire du syndicalisme (1922-1935)

    « La classe ouvrière, soulevée par une formidable crise de nationalisme, n’aurait pas laissé aux agents de la force publique le soin de nous fusiller, elle nous aurait fusillés elle-même. » Ces mots sont d’Alphonse Merrheim, un des leaders de la métallurgie CGT et ils traduisent bien le sentiment d’impuissance qui a envahi l’aile révolutionnaire de la CGT. Depuis vingt ans, elle répétait que les travailleurs n’avaient pas de patrie, que le devoir des travailleurs sous les drapeaux était de tirer sur leurs propres officiers, que la guerre était celle des « trusts » (multinationales) et des États et qu’elle se faisait toujours sur le dos des peuples, qu’à la déclaration de guerre les syndicalistes devaient déclencher la grève générale… Rien de ce qu’elle avait envisagé ne s’est réalisé. Face à la guerre, la CGT est déboussolée : la classe ouvrière, comme toutes les autres classes de la société, se montre sensible aux arguments des va-t-en-guerre.

     

    « Ils ont tué Rigollet ! » : 1955, une révolte ouvrière en basse-Loire

    Le conflit de 1955 occupe une place à part dans l’histoire sociale de la Loire-Atlantique par sa durée et sa dureté. Durée : il s’écoule sur huit mois, de l’émergence des premiers comités d’action des soudeurs nazairiens en février à la conclusion d’un accord entre patronat et syndicats à Nantes en octobre. Dureté. À Saint-Nazaire, on se bat autour des chantiers le 23 juin et on dresse des barricades le 1er août. À Nantes, cette dureté s’illustre notamment par les moyens techniques utilisés par les manifestants : il ne s’agit plus uniquement de pavés et de boulons, mais d’engins explosifs lancés contre les forces de l’ordre (18 août) et dans l’enceinte de la prison lors de l’attaque de celle-ci (19 août), de coups de feu (19 septembre), de sabotages sur un échafaudage (27 septembre) et sur un train (28 septembre) ou encore du dépôt d’une bombe artisanale désamorcée dans l’enceinte des chantiers Bretagne-Loire (19 septembre). Même le vieux leader CGT Gaston Monmousseau fait revivre le temps d’un discours une ancienne pratique syndicaliste-révolutionnaire : le boycott.

     

    1969, Guichard au Dresny : un ministre dans la boue

    Nous sommes le 16 novembre 1969. Au Dresny, petit bourg rural dépendant de la commune de Plessé, on s’affaire pour recevoir un ministre, en l’occurrence Olivier Guichard, baron du gaullisme qui fait partie du premier cercle qui a entouré le Général De Gaulle de sa marginalisation politique en 1946 jusqu’à son retrait de la vie politique en avril 1969. Olivier Guichard est également un tout jeune notable départemental puisqu’il cumule le poste de maire de sa commune de naissance, Néac (Gironde), avec celui de député de la Loire-Atlantique depuis 1967. Il fut en effet parachuté ici pour remplacer Pierre Litoux, un gaulliste historique, député depuis 1962 et maire de Saint-Lyphard depuis 1929 ! Pourquoi est-il prévu qu’il se rende au Dresny ce jour-là ? Parce qu’il doit présider une cérémonie officielle en hommage aux anciens de l’Afrique française du Nord (AFN), notamment ceux qui étaient sous les drapeaux lors de la guerre d’Algérie. Le député-ministre a prévenu que son hommage aux anciens de l’AFN serait éclair : trente minutes pas plus, car il est attendu à Nantes. Il ne se doutait pas qu’un fort groupe de jeunes paysans en colère et imprégné de l’esprit rebelle de 1968 avait un autre programme en tête.

     

    Le baroud d’honneur : les dockers et la grève de 1991-1992

    Le 20 août 1947, les parlementaires votent, sans discussion et dans l’urgence, la réforme de l’organisation du travail dans la manutention portuaire que lui soumet le gouvernement Ramadier. Le 6 septembre 1947, la loi est promulguée. Nul n’en est satisfait, mais la plupart des acteurs portuaires entendent s’en contenter, tant il leur importe de garantir aux ports l’assurance de pouvoir disposer d’une main d’œuvre stable à l’heure de la Reconstruction. Il faut savoir que les dockers se divisent en deux groupes : les professionnels (carte G), prioritaires à l’embauche, qui ont l’interdiction d’exercer une autre activité professionnelle, et les occasionnels. Cette loi dote enfin le docker carte G d’un statut, en sécurisant son intermittence, l’arrachant en somme à la précarité.

     

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  • Ouvriers et paysans de Loire-Atlantique (cycle 2)

    Les vignerons et les « rouges » (1891-1914)

    Dans un courrier de décembre 1891, le socialiste Brunellière écrit à son ami Augustin Hamon, intellectuel anarchiste parisien les mots suivants : « Les syndicats de vignerons ont été organisés par des délégués de l’Union syndicale de Nantes et par moi. (…) Le Progrès, journal opportuniste, prétend que c’est l’organisation d’une nouvelle jacquerie. C’est ce qui arrivera si les propriétaires veulent voler leurs colons et leurs fermiers. » Deux ans plus tard, le 8 octobre 1893, dans les colonnes du journal Le Temps, on peut lire ceci : « C’est la semence socialiste qu’il faut se hâter de détruire à l’heure même où elle est répandue sur le sol. Quand elle aura levé et que la moisson sera prête, il sera trop tard. »

     

    Les coopératives et la loi du marché (1920-1940)

    Vous vous souvenez sans doute de cette fable célèbre de Jean de La Fontaine dans laquelle une grenouille se veut l’égale d’un bœuf : « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages, nous dit le poète. Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. » Le 23 avril 1934, la Banque des coopératives de France, forte de douze agences régionales dont l’une fixée à Nantes, dépose son bilan. Comment expliquer une telle faillite ? Certains y voient une funeste conséquence de la crise économique de 1929 mais d’autres pointent la politique irresponsable de dirigeants coopératifs qui se pensaient plus bovins que batraciens…

     

    Les grèves de 1953 en Loire-Atlantique

    « Les travailleurs ne viennent pas dans vos réunions, c’est vrai ; encore faut-il que vous en recherchiez les raisons, mais n’oubliez pas que, malgré cela, les travailleurs ruminent. » Le militant qui tient ces propos n’est pas un inconnu. Avec sa pipe et ses lunettes rondes, Benoît Frachon, fils de mineur et métallo de métier, est à la tête de la CGT depuis la Libération. Les travailleurs ruminent, dit-il. Frachon a tenu ces propos à Nantes, en février, devant un parterre de militants, parmi lesquels le cheminot cégétiste Maurice Garand. Et Maurice Garand n’a pas oublié ces mots puisqu’il les reprend dans une longue intervention lors du 29e congrès national de la CGT en juin 1953. Il y évoque la « riche grève de 24 heures du 27 mai menée par les cheminots de Nantes », fruit du travail du comité d’unité d’action des roulants. Un travail syndical qui s’est révélé payant puisqu’il a poussé les syndicats CFTC et FO à aller au-delà d’un simple débrayage d’une heure, en défilant dans la rue : « Cette unité à la base pour l’action a fait tomber bien des barrières, souligne Maurice Garand. Elle a mis à nu bien des positions d’obstruction à l’unité. Il en est ainsi à Nantes pour les dirigeants du syndicat CFTC qui ont fait la grève mais ne sont pas apparus en tant que dirigeants. » Maurice Garand en est convaincu : seule l’unité à la base peut obliger les syndicats CFTC et FO à entrer en lutte, à abandonner leur refus de tout accord avec la CGT. L’unité d’action, voici ce que réclament les travailleurs qui ruminent.

     

    Mai 1968, Nantes s’embrase

    « La Commune de Nantes », tel est le titre du livre que Yannick Guin consacre au mouvement de mai-juin 1968 à Nantes. La référence au mouvement parisien de 1871 semble donc assumée par l’auteur même si la Commune de Paris en tant que telle n’apparaît ni dans l’introduction ni en quatrième de couverture sinon sous la forme « d’esquisse d’une administration des classes laborieuses parallèle à celle de l’Etat bourgeois », premier pas vers ce « double pouvoir » (versaillais/communard) qui marqua le printemps 1871 et se termina dans le sang. Je crois même que « la commune » n’est citée qu’une seule fois dans ce livre court et incisif, quand l’auteur conclut par un extrait de la chanson d’Eugène Pottier : « Tout ça n’empêche pas Nicolas qu’la Commune n’est pas morte. » Ceci étant dit, le « Mai nantais » fut exceptionnel, autrement dit singulier, fruit d’une histoire sociale dont les caractéristiques essentielles ne se retrouvèrent nulle part ailleurs.

     

    Les paysans contre l’agrobusiness : histoire de veaux et d’hormones

    Souvenez-vous : c’était le temps où les escalopes de veau achetées au supermarché rapetissaient comme par magie le temps d’une cuisson. Était-ce pour concentrer la saveur ? Même pas, car de goût, ce veau industriel, d’une pâleur étonnante, n’en avait pas. En septembre 1980, ce veau qui fond dans la poêle est l’objet de toutes les attentions. On le savait sans intérêt gustatif, on le soupçonne dorénavant d’être dangereux pour la santé. En cause, des agriculteurs malhonnêtes et cupides, alliés à des entreprises peu scrupuleuses et à des vétérinaires complaisants, qui auraient fait le choix de doper leurs veaux pour les faire grossir artificiellement plus vite. L’appel au boycott lancé soudainement par l’Union fédérale des consommateurs effraie légitimement les consommateurs. Cet appel mécontente tous les syndicats paysans, mais pas pour les mêmes raisons…

     

    Chantelle 1981 : la colère des petites mains

    Chantelle est une société textile créée en 1876 par un ingénieur parisien, Auguste Gamichon, qui a mis au point une machine permettant de fabriquer un tricot élastique, produit alors très innovant. Il produit tout d’abord des bas à varices, ceintures et tricots, avant de diversifier sa production grâce à son neveu, Paul-Maurice Kretz, qui rejoint l’entreprise à la fin du 19e siècle. Chantelle occupe le secteur des gaines qui supplante les corsets trop rigides qui maltraitent les corps féminins, ce que dénoncent depuis longtemps nombre de médecins. En 1949, la famille Kretz qui a pris la direction de la société lance la marque « Chantelle ». Très vite, Chantelle se fait remarquer par une communication publicitaire audacieuse qui lui apporte de la notoriété, et ne se consacre bientôt plus qu’à la lingerie féminine. En 1962, elle implante sa première usine de confection à Epernay (Marne) qui produit ses premiers modèles de soutien-gorge. Le succès n’est pas immédiat mais le développement de la marque pousse la direction à créer deux nouvelles usines : la première voit le jour en 1966 à Saint-Herblain, dans une nouvelle zone industrielle (44) ; la seconde émerge en 1973 à Lanester.

     

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  • Ouvriers et paysans de Loire-Atlantique (cycle 3)

    Batignolles, 1971 : une grève marquée par l’esprit de Mai-68

    Pour beaucoup, l’industrie nantaise, « c’est la Navale ». Ils en oublieraient qu’à la sortie de la Première Guerre mondiale, à l’est de la ville, au milieu des tenues maraîchères, la Société Batignolles-Châtillon fit construire une usine moderne destinée à la fabrication de locomotives, et trois cités destinées au personnel. Maisons en pierre pour les cadres, maisons en bois pour les ouvriers, wagons aménagés pour les célibataires, pour beaucoup immigrés. Les Batignolles furent une Babel où l’on croisait Tchèques, Polonais, Espagnols, Portugais, Italiens et même Allemands, et un haut-lieu des luttes ouvrières et de la Résistance au nazisme. En 1971, le taux de syndicalisation atteint 35 % du personnel. Les deux tiers des syndiqués (530 personnes) le sont à l’historique centrale ouvrière, hégémonique chez les ouvriers (60%) et plutôt forte chez les employés et cadres (40%). Le socle de la CGT est représenté par les ouvriers qualifiés P2, les plus nombreux dans l’entreprise, qui manifeste un fort attachement au respect de leur qualification et à la qualité du travail.  L’ancienne centrale chrétienne, déconfessionnalisée en 1964, est bien plus faiblement implantée : la CFDT ne compte qu’une centaine d’adhérents. Quant à FO, l’organisation ne rassemble qu’une poignée de mensuels.

     

    Le salaire de la traite : la guerre du lait (1972)

    Au printemps 1972, l’Ouest de la France connaît un mouvement social d’ampleur porté par les producteurs de lait. Ceux-ci se mobilisent contre la politique laitière menée à la fois par Bruxelles et par les industriels, politique qui se traduit par la baisse du prix du lait. Le motif avancé par Bruxelles : les hangars regorgent de beurre et de poudre de lait, la filière souffre de surproduction et donc de débouchés. La surproduction, voilà l’ennemi. Le motif avancé par les entreprises : la baisse résulte de la saisonnalité des prix, autrement dit de l’application de la péréquation été-hiver. Le fait que les paysans en colère s’en prennent aux laiteries privées mais aussi aux leurs (les coopératives dont ils sont juridiquement les « propriétaires ») en dit long sur la fracture du monde paysan. Le fait qu’ils avancent que le prix du lait, c’est leur salaire (ce qui revient à faire d’eux des salariés et non des chefs d’exploitation), soulignent la toute nouvelle puissance du courant paysan-travailleur dans la paysannerie de l’Ouest.

     

    Passay, 1907 : les pêcheurs se rebellent

    La grève de 1907 est un moment fort de l’histoire de Passay, le village de pêcheurs du Lac de Grandlieu. D’abord parce que ce combat souligne la volonté du syndicalisme et du socialisme de notre département de sortir des centres ouvriers urbains, de conquérir de nouveaux espaces pour la contestation politique et sociale, de combattre les restes de féodalisme, ou présentés comme tels, présents dans un univers aussi réactionnaire que la Loire-Inférieure rurale. Ensuite parce qu’elle permet la création de deux coopératives, la première de pêche et la seconde de consommation, qui survivront des décennies. Elle est menée par un homme devenu depuis figure locale, Arsène Corbeau. Un Arsène Corbeau dont on sait au demeurant peu de choses. Pêcheur, pas pêcheur, pêcheur occasionnel ? Cent ans plus tard, le mystère demeure…

     

    Saint-Nazaire, 1957 : la Navale s’enflamme. La journée du 24 octobre 1957 rappelle la journée émeutière du le 1er août 1955. Suite aux débrayages de la journée, la direction décide de fermer les Chantiers le lendemain jusqu’à nouvel ordre et quittent les lieux une heure avant l’annonce. Le débrayage est alors général. La direction est envahie par quelques 300 personnes, des fenêtres sont brisées, des bureaux saccagés, du matériel lancé par les fenêtres. A 16h15, 16 policiers se rendent sur place, appelés par deux membres de la direction. Ils sont violemment pris à partie (trois finissent à l’hôpital) et un de leurs véhicules est retourné puis incendié. Les CRS interviennent et sont accueillis par une volée de pierres et boulons. Les charges et replis se succèdent dans une ambiance chargée de gaz lacrymogènes. La dernière charge est fatale à un ouvrier, Emile Marquet, 35 ans, peintre-caréneur habitant Saint-Etienne de Montluc, et venu à Saint-Nazaire travailler pour le compte d’un sous-traitant des chantiers.

     

    Du conflit trignacais au congrès de la FNS : la grève générale de 1894

    Vers 1850, Trignac est un hameau de 300 âmes dépendant de la commune de Montoir-de-Bretagne. Au recensement de 1872, on dénombre 170 marins, 91 ouvriers et domestiques et 48 paysans. Son développement est intimement lié à celui de Saint-Nazaire, à la fois grand port de l’Atlantique et place forte de la construction navale française. L’extension de la zone industrielle nazairienne ne pouvait se faire qu’en remontant l’estuaire, car au nord se trouvaient les villégiatures de la bourgeoisie. Le développement industriel nazairien débute au milieu du 19e siècle. Nantes, du  fait des caprices de la Loire, a besoin d’un avant-port capable d’accueillir les navires les plus imposants, incapables de remonter la Loire du fait de son ensablement. Saint-Nazaire n’est alors qu’une petite ville rurale de 5000 habitants. Les travaux entraînent l’arrivée de centaines de terrassiers et de manœuvres qui vont faire souche. D’où vient toute cette main-d’oeuvre ? On pourrait l’imaginer massivement briéronne, mais les Briérons ne forment à cette époque-là qu’une minorité de ces nouveaux prolétaires.

     

    La Révolution russe et le mouvement ouvrier de Loire-Inférieure (1917-1921)

    Nous sommes le 20 janvier 1917. Le sous-préfet de Saint-Nazaire adresse un pli dactylographié à son supérieur hiérarchique. Il vient d’apprendre qu’un Comité d’action contre la vie chère a l’intention d’organiser une conférence publique prochainement et « si cette intention se cristallisait, écrit-il, je serais obligé de proposer de ne pas autoriser cette conférence ». Pourquoi ? Il s’en explique. L’inflation qui vide les bourses populaires est due selon lui à la « rapacité du campagnard » et du commerçant tout comme à la « prodigalité de l’ouvrier ». Un ouvrier qui dépense trop et qui pointe un doigt vengeur en direction de l’Etat qui ne fait rien contre les profiteurs de guerre ou, pour reprendre les termes mêmes du comité, « les agioteurs et les accapareurs » : « Une conférence contre la vie chère se résoudrait donc en attaques violentes contre une catégorie de citoyens, contre les représentants du gouvernement, et contre le gouvernement lui-même. Elle ne pourrait avoir d’autres résultats que d’exaspérer les passions, de fomenter des divisions et de causer du trouble sans résultat pratique, les autorités n’ayant pas besoin de manifestation pour envisager leurs responsabilités et prendre les décisions que les circonstances comportent. » Nous sommes en 1917, la guerre a trois ans et l’Union sacrée a du plomb dans l’aile…

     

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  • Ouvriers et paysans de Loire-Atlantique (cycle 4)

    La « Liberté libre » et les « trublions téléguidés » : ERAM face à la CFTC-CFDT (1962-1972). Chez ERAM, on ne supporte les syndicats que s’ils sont dociles, et gare aux travailleurs qui tenteraient de s’émanciper de la férule patronale ! Les syndicalistes chrétiens de la CFTC-CFDT l’apprennent à leurs dépens lors de deux conflits sociaux, en 1962 et 1972. 

     

    Les probes et les lâches : les lithographes en lutte (1903). Après avoir pesé longuement le pour et le contre, les lithographes nantais se lancent dans la grève pour un aménagement de leur temps de travail afin d’éviter le chômage à la morte-saison. Ils se pensent forts et unis, mais déchantent vite : traîtres et faux-frères se sont glissés dans leurs rangs.

     

    La Contemporaine : premiers pas d’une coopérative atypique (1975-1980). En 1975, une poignée de travailleurs insatisfaits se lance dans l’aventure coopérative et crée l’imprimerie La Contemporaine. Comme beaucoup d’autres coopératives créées à l’époque, ce projet  est porté par l’esprit revendicatif du printemps 1968 : l’expérimentation sociale, la volonté de mettre en pratique (et donc à l’épreuve) ses convictions politiques et éthiques sont à l’ordre du jour. Ils veulent travailler autrement, prouver que c’est possible sur la durée, et inscrivent leur projet économique « dans la perspective d’une société de type socialiste où le capital et le profit ne sont pas le moteur. »

     

    Une décennie pour rien ? L’UD CFDT de Mayenne et le défi de l’implantation syndicale (1969-1981). « Il y a plus de têtes de vaches qu’il y a d’habitants, et encore quand je parle de vaches, je parle bien des bovins, et je ne compte pas les patrons. » Nous sommes en novembre 1981, dans le cadre du 8e congrès de l’Union régionale CFDT des Pays-de-la-Loire. En quelques mots, un syndicaliste a mis en avant les caractéristiques d’un territoire peu accueillant pour le mouvement ouvrier : la Mayenne demeure une terre agricole et les patrons mayennais ne sont guère portés au dialogue social..

     

    La délocalisation, une arme antisyndicale : le cas d’UGECO. « C’est la première fois à Nantes que l’on voit une usine fermer ses portes, pratiquement après une grève, et aller s’installer ailleurs. » Ces mots sont issus d’un long article que L’Eclair consacre le 22 septembre 1972 à cette entreprise nantaise de confection. En effet, après une très longue grève, la direction décide de se « restructurer » abandonnant le coeur de Nantes pour la campagne verdoyante (Sainte-Pazanne) et le bord de mer (Guérande).

     

    Les OS du clavier se rebiffent : la grève des dactylocodeuses de l’INSEE (1980-1981). L’INSEE les avait recrutées au début des années 1970 car elles offraient toutes les garanties : elles étaient femmes, jeunes, dociles et destinées à le rester grâce à un management autoritaire et paternaliste. En 1980, les « petites mains » se révoltent et font entendre pour la première fois leurs voix de travailleuses et de femmes. 

     

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  • Contact

    Centre d'histoire
    du travail

     

    Ateliers et Chantiers
    de Nantes
    2bis, boulevard Léon-Bureau
    44200 Nantes
    (Tram ligne 1 /
    Chantiers Navals)

     

    02 40 08 22 04
    contact[at]cht-nantes.org

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    Du mardi au jeudi
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    de 14h à 17h

     

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